La tuberculose, en dépit des progrès enregistrés, présente de nouvelles menaces sous formes de germes de plus en plus résistants aux traitements, et demeure une cause majeure de décès parmi les millions de malades du sida dans le monde.
Vieille maladie dont les traces remontent à 3.000 ans, la tuberculose tue encore trois personnes par minute dans le monde, essentiellement dans les pays pauvres.
Si la progression de la tuberculose semble enfin marquer le pas, les formes résistantes et en particulier les formes meurtrières dues aux germes hyper-résistants prolifèrent, menaçant de saper les efforts entrepris pour combattre cette maladie, avertissent les experts à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre la tuberculose le 24 mars.
A cela, s'ajoute la faiblesse notoire des sommes investies dans la recherche, alors que manquent cruellement dans les pays les plus touchés de nouveaux tests de diagnostic, fiables et rapides, et de nouveaux médicaments efficaces.
Plus d'une trentaine de pays compte désormais des cas de formes ultra-résistantes de la maladie, notamment l'Afrique du Sud et certains pays de l'ex-bloc soviétique.
La co-infection VIH-tuberculose affecte quelque onze million de personnes dans le monde, et parmi les porteurs du VIH (virus du sida) "environ 200.000 sont mortes de tuberculose en 2005", selon Mel Spigelman de l'Alliance contre la tuberculose (TB Alliance) basée à New York.
"La conjugaison des deux traitements sida/tuberculose pose des problèmes de toxicité", constate le Dr Jean-François Corty de Médecins Sans Frontière (MSF), qui évoque aussi "la complexité du diagnostic et du traitement" dans ce cas de figure répandu en Afrique.
"On travaille avec des outils thérapeutiques qui datent d'une autre époque", s'exclame-t-il.
Sur le terrain, les soignants se trouvent aussi confrontés à une réaction paradoxale, le syndrome de restauration immunitaire inflammatoire baptisé IRIS, observé chez des malades généralement au stade du sida avancé et par ailleurs infectés par la tuberculose (ou une autre infection opportuniste) mis sous médicaments antirétroviraux (ARV, anti-sida). Alors que ses défenses naturelles commencent à s'améliorer, l'état du malade s'aggrave et il meurt.
C'est une "forme de réponse immunitaire démesurée qui va tuer le patient", commente le Dr Corty.
"La fréquence de ce syndrome est variable selon les études (de 3% à 45%), ainsi que sa gravité, car il n'est pas systématiquement mortel", indique le Dr Philippe Clevenbergh, infectiologue de l'Union internationale contre la tuberculose (iuatld).
Des études sont en cours notamment pour déterminer sa fréquence et les meilleures modalités de traitement (anti-inflammatoires compris comme la cortisone).
Deux milliards de personnes, soit un tiers de la population mondiale, sont porteurs d'un bacille dormant de la tuberculose, qui peut un jour redevenir actif avec un risque plus élevé pour les sujets infectés par le VIH. "Le risque de développer une tuberculose est de 5% par an avec le VIH contre 5% au cours d'une vie sans VIH", relève le Dr Clevenbergh.