La maladie fait deux millions de morts par an
ASSURER la recherche et le développement de nouveaux traitements visant l'éradication de la
tuberculose au niveau planétaire, tel est l'objectif d'une initiative alliant secteurs public et privé,
annoncée, mardi 10 octobre à Bangkok (Thaïlande). Baptisée « Global Alliance for TB Drug
Development », elle vise à mettre de nouveaux médicaments sur le marché en 2010, concrétisant
les résolutions d'une réunion tenue au Cap (Afrique du Sud) en février 2000.
Des responsables de la santé, des sciences, des philanthropes et des représentants de l'industrie
privée avaient alors décidé de joindre leurs efforts pour venir à bout de la tuberculose, une
maladie qui renforce le cycle de la pauvreté et n'épargne aucun continent ni aucun pays.
« URGENCE PLANÉTAIRE »
Les principaux partenaires de cette « Alliance », un organisme à but non lucratif, sont
l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), l'Union internationale de lutte contre la tuberculose,
les Instituts américains de la santé (NIH), le Center for Disease Control américain, les fondations
Rockefeller, Bill et Melinda Gates, Wellcome Trust, qui noueront des collaborations avec
l'industrie pharmaceutique, en particulier, celles des pays du Sud et des sociétés de
biotechnologie. Ses bureaux seront répartis entre Bruxelles, New York et Le Cap. Indépendante
de ses mécènes, c'est une petite entreprise virtuelle qui suscitera et soutiendra financièrement les
recherches. Elle espère recueillir 150 millions de dollars au cours des cinq prochaines années.
La tuberculose reste aujourd'hui une des maladies infectieuses les plus répandues, et « représente
un handicap majeur au développement social et économique », répète le docteur Gro Harlem
Brundtland, directeur général de l'OMS, organisation qui, en 1993, a déclaré la lutte contre la
tuberculose « urgence planétaire ». Un humain sur trois est infecté et deux millions de personnes
meurent chaque année de la maladie, faute de traitements adaptés. Les antibiotiques
antituberculeux utilisés sont tous très anciens - le dernier a trente ans -, aucune recherche
suffisante n'ayant été menée depuis des dizaines d'années.
Car la tuberculose frappe surtout les pays pauvres et le faible espoir de retour sur investissement
n'a pas poussé l'industrie pharmaceutique à investir dans ce domaine. Ces médicaments
antituberculeux sont encore étonnamment actifs et, bien utilisés, guérissent 85 % des malades.
Mais ils ont l'inconvénient majeur de devoir être pris sans interruption pendant au moins six mois,
sans quoi certains sujets infectés conservent des bacilles, contaminent leur entourage et
développent des résistances aux antibiotiques qui rendent alors la maladie beaucoup plus difficile
à traiter. Actuellement, seuls 20 % des malades suivent leur traitement jusqu'à son terme. Aussi le
premier but que s'est assigné l'« Alliance » est de mettre au point des médicaments qui
permettront de raccourcir la durée du traitement.
Un collège d'experts internationaux reconnus sera chargé de sélectionner des projets prometteurs
associant privé et public. « Nous aurons le contrôle des brevets, explique le docteur Giorgio
Roscigno, ancien directeur médical de la recherche anti-infectieuse à Aventis Pharma et qui
deviendra le directeur général de l'Alliance, de manière à garder la maîtrise des prix. Notre but
est de rendre ces médicaments disponibles pour l'ensemble de la planète».